Interview d'Edouard par Tahiti Today

Publié le par elections2012

 

Edouard Fritch à Tahiti Today : humilité, compétence, discipline

 

Lorsque la campagne des territoriales est suivie comme une course de côte ou le "tour de France" made in Polynésie, le plus plaisant, c'est le coup de reins de dernière minute qui peut faire la différence. Sauf que pour le Tahoeraa, les coups de reins sont permanents et sont donnés à  un train d'enfer. Edouard Fritch, président délégué de son parti, député, représentant, futur président de l'Assemblée si le Tahoeraa gagne les élections, n'aura pas besoin de tâtonner.

 Loin d'être un néophyte voilà plus de trente ans qu'il est actif au sein de l'Exécutif ou du Législatif, et qu'il mouille sa chemise pour le Tahoeraa . La politique étant le théâtre de toutes les traitrises, c'est bien connu, surtout en Polynésie où elles abondent, Edouard Fritch reste prudent sur le comportement des uns et des autres dans cet entretien. Il connait à la perfection les choses qu'il peut dire dans une interview et celles qu'il doit laisser à son "boss". Il n'interfère jamais à sa place. On a bien essayé, on n'a pas  réussi.  Bref avec des réponses précises et concises il nous donne son opinion sur la marche du Tahoeraa, sur ce qu'il a essayé de corriger auprès des journalistes Davet et Lhomme pour leur prochain article, Pas de vitriol. Pas d'animosité avec ceux qui ont retrouvé le chemin du bercail non pas par amour, le Tahoeraa n'en demande pas tant. Les coups au coeur sont oubliés, vive l'avenir dans une exigence de rupture avec l'UPLD et la confiance de François Hollande. Le Tahoeraa concocte un autre potage. Et Hollande sait qu' Oscar veut casser la soupière.

Bref, il a ,comme tout le shadow cabinet de Gaston Flosse, l'éternel maillot orange collé au corps, le nez sur le guidon avec l'énergie de l'espoir que suscite une possible victoire dès le premier tour.

 

               57 titulaires pour 300 candidats lors des primaires du Tahoeraa

 

1/ Vous serez le premier parti à présenter votre liste pour les élections territoriales. Elle aura été auparavant homologuée par le grand conseil du Tahoeraa. Visiblement si déception il y a eu de la part de ceux qui n’ont pas été choisis, la déception n’aura pas entravé la bonne marche de ces choix. Vous confirmez que cette liste sera rendue publique le samedi 23 mars ?

Comme annoncée, notre liste sera rendue publique le 23 mars, place Tarahoi, après la tenue du Grand conseil et la marche que nous organisons. Composer une liste quand il faut tenir compte de la parité et de la répartition géographique des sections électorales est un exercice hautement difficile, voire même périlleux. C’est de la responsabilité du Président du Tahoeraa et nous lui faisons confiance. Il n’y a que 57 titulaires et nous avons eu 300 candidats lors des primaires. Il est impossible de caser 300 personnes sur une liste de 57 places, il y aura sans doute des déçus. Mais quand on entre dans un parti comme le Tahoeraa, il faut savoir faire preuve d’humilité et de discipline. C’est ce qui a toujours dicté ma conduite et j’en attends autant de tous mes amis du Tahoeraa.

2/ Qui sera la femme en seconde position sur la 1ère section, sachant que le 3° sera Michel Buillard. Celui-ci a beaucoup de chance. Le mérite-t-il ? Je sais que vous n’allez pas dire non mais tout de même il n’a jamais brillé par un travail intensif si l’on, en croit le personnel municipal mais surtout, il a choqué beaucoup de monde avec ses changements de veste . On disait Flosse rancunier visiblement il ne l’est pas.

Moi-même n’ai pas connaissance du projet de liste dans ma section, je ne peux donc pas vous dire qui sera la femme en seconde position dans la première tant que le Grand conseil n’a pas validé la liste, mais vous savez que Teura Iriti est pressentie. Pour ce qui est de Michel Buillard, on parle effectivement de lui pour la troisième position. Je vous laisse à vos jugements de valeur sur sa personne. Ce qui m’importe, et c’est ce que j’ai toujours demandé, c’est que le Tahoeraa puisse rassembler le plus largement possible autour de lui pour ces élections afin de mettre un coup d’arrêt aux dérapages d’Oscar Temaru et de l’UPLD. La rancune ne doit en aucun cas guider nos choix et nos actions.


3/ Vous avez pourtant gommé les îliens, à la réputation sulfureuse de votre horizon électif malgré votre désir de rassembler large . Avez-vous eu des propositions en dehors de celle de Michel Yip ?

Le fameux groupe d’îliens a tenté de revenir au Tahoeraa Huiraatira. Le Conseil politique a émis un refus catégorique à leur retour au sein de notre parti. Gaston Flosse n’a donc pas souhaité donner suite à leurs propositions.

 Ce  qui manque à la Polynésie depuis 2004,

c'est un chef


4/Vous avez été interviewé par Gérard Davet et Fabrice Lhomme. Est-ce que vous leur avez fait quelques reproches sur le portrait qu’ils ont dressé de Gaston Flosse ?

En présence de deux de mes collègues témoins de l’Assemblée, j’ai reçu ces deux journalistes qui développent une thèse à charge contre Gaston Flosse pour leur livrer ma vision du sens de son action politique menée durant plus de 20 ans. Si le président Flosse, à juste titre, refuse de les rencontrer, alors, qui aurait pu expliquer aux deux journalistes cette partie essentielle de notre histoire ? Lors de cette rencontre, je me suis attaché à replacer l’action politique de Gaston Flosse dans son contexte et à rappeler l’action courageuse menée par cet homme pour défendre les intérêts de la France dans le Pacifique pendant la période trouble des essais nucléaires chez nous. Du jour au lendemain, en 1984, nous sommes passés de la situation d’une collectivité administrée par l’Etat (le gouverneur), à un statut d’autonomie où les Polynésiens, et en premier lieu Gaston Flosse à la tête du gouvernement, devaient tout construire.
C’est bien grâce au courage politique et à la force de travail de Gaston Flosse que nous avons réussi l’amorce de l’autonomie, la gestion du départ du CEP et la fermeture des entreprises qui étaient liées aux essais nucléaires, la négociation et la réussite du Pacte de progrès pour pallier la fin des essais. Il a façonné ce qui est aujourd’hui la Polynésie moderne que tous les chefs d’Etat voisins venaient voir et prendre comme exemple d’un développement harmonieux pour nos populations insulaires.
Vu de métropole, on voit les choses par le petit bout de la lorgnette, on vient dénoncer l’autoritarisme, voire l’aspect dictatorial de Gaston Flosse, ses liens avec le président Chirac, occultant que pendant 14 ans François Mitterrand présidait aux affaires de la France. Mais l’on voit bien que depuis 2004, ce qui manque le plus à la Polynésie, c’est un chef qui puisse constamment donner le cap, donner une vision, trancher les problèmes. Les élections apporteront une réponse aux allégations de ces journalistes.

5/ A votre avis la Polynésie d’aujourd’hui a besoin de quoi pour réussir sa sortie de crise ?

La première chose est de remettre de l’ordre dans les comptes publics afin que nous puissions dégager des marges de manœuvre suffisantes pour relancer l’économie, dans un premier temps par la commande publique. Si nous avons un plan crédible, contrairement à l’équipe actuelle, le gouvernement central nous accompagnera. Ce qui est certain, c’est que l’action du prochain gouvernement devra se centrer sur le soutien à l’initiative privée. Mais ce qu’il faut aussi, c’est ce qui nous a manqué depuis 2004, et je viens de vous le dire, un vrai chef.


6/ Auriez-vous souhaité avoir Teva Rohfritsch sur votre liste ? Et s' il y a un deuxième tour y aura-t-il alliance avec lui ? Alors que Philipe Schyle, Nicole Bouteau, Gaston Tong Sang devraient s’y opposer tant leur antipathie vis-à-vis de Gaston Flosse est permanente. A votre avis, vous qui avez côtoyé et travaillé avec Teva Rohfritsch assez longtemps, quels sont sa principale qualité et son principal défaut ?

Gaston Flosse a fait des propositions à Teva. Il lui avait d’abord proposé d’être candidat au nom du Tahoeraa pour les dernières législatives sur la première circonscription. Moi même je l’avais rencontré dans le cadre de ces élections. Il a finalement voulu courir seul. Puis il lui a proposé d’être bien placé sur notre liste aux territoriales, ainsi qu’un ministère en cas de victoire. Il a participé à nos travaux, puis finalement a décidé de rallier cette alliance composée pour l’essentiel d’anciens Tahoeraa. Il me semble que cette attitude tient avant tout à un problème d’égo. Je ne suis pas sûr qu’en optant pour la dispersion, Teva ait fait le bon choix pour la Polynésie. Et c’est bien dommage !

7/ Quelle sera votre première réforme si vous gagnez les élections ? Et quand comptez-vous donner votre programme ?

Notre programme est prêt et sera divulgué prochainement. Je crois que beaucoup d’électeurs comme d’autres listes l’attendent. Pour ce qui est de la première réforme, je pense qu’il vaut mieux que vous demandiez à Gaston Flosse, il en est l’architecte et assurera son application au lendemain des élections, puisque c’est lui qui sera président si nous gagnons les élections.


8/ On ne vous a pas toujours vu lors des dîners débats organisés par Gaston Flosse. Pourquoi ?

Il y a les dîners-débats organisés en ville, et il y a aussi tout le travail sur le terrain. J’étais aux Tuamotu, je reviens des Marquises et je repars lundi prochain pour boucler la tournée des Tuamotu. Tous les soirs, des membres du Tahoeraa vont à la rencontre de la population dans tous les coins de la Polynésie. Si je n’ai pas participé à tous les dîners débats, c’est parce que nous nous partageons la tâche .


Nous avons renoué des relations de confiance et de respect avec le gouvernement central.


9/ Vous serez probablement président de l’Assemblée si vous êtes victorieux cela ne vous empêchera pas d’être présent à l’Assemblée nationale plus facile pour défendre les dossiers de la Polynésie ?

Avec Jean-Paul et Jonas, nous prenons très à cœur notre mission de député. Je pense effectivement qu’en cas de victoire, avoir quatre parlementaires sur cinq sera un précieux atout pour défendre nos dossiers polynésiens à Paris, surtout que nous avons renoué des relations de confiance et de respect avec le nouveau gouvernement central. Pas des relations d’allégeance politique comme le disent certains qui n’ont pas beaucoup d’arguments.

10/ Pensez-vous comme QB0 que Flosse et Temaru, seraient les deux côtés d’une même médaille ?

Votre question me rappelle une intervention de Tina Cross lorsqu’elle avait démissionné du Tavini en jetant en l’air une pièce de monnaie pour dire que Flosse et Temaru, c’était la même chose. Elle est revenue au Tavini… Flosse et Temaru font partie des réalités politiques de notre pays. Ce sont deux leaders charismatiques mais l’un défend la présence française, l’autre veut se séparer de la France. L’un est un travailleur, l’autre plutôt golfeur et voyageur. Ces grandes différences ne peuvent pas se côtoyer longtemps sur la même pièce.

11/ Le nouveau thème à la mode en politique c’est qu’il faut appartenir à la société civile, être jeune et compétent. Ce qui n'est pas toujours synonyme.


Petit à petit, tente de s’imposer dans le débat démocratique, une classe politique se présentant comme nouvelle, qui se revendique spécialement de « la société civile » et qui s’efforce de se présenter comme plus sérieuse, plus compétente car mieux formée, dipomée, plus indépendante, plus désintéressée… que la classe politique traditionnelle elle-même. Ainsi, certains veulent aujourd’hui opposer la société civile à la société politique, se revendiquer de la première contre la seconde comme brevet de toutes les vertus. C’est de l’imposture ! Il est évident qu’une personne de la société civile qui entre dans l’arène politique devient, dès ce moment, un politicien. Et leurs actes seront alors, par nature, des actes politiques et non des actes civils. Il est aussi évident que nous aurons besoin de tout le monde et de toutes les bonnes volontés pour reconstruire ce pays

12/ Les touristes qui se payent un voyage aussi onéreux et lointain veulent-ils du « culturel » à tout prix. La Polynésie ce n’est pas l’Egypte quand même ? Il faut un tout..


Les touristes qui paient fort cher pour venir chez nous deviennent de plus en plus exigeants. Ils attendent plus que nos beaux lagons et nos bungalows sur pilotis qui sont d’une qualité exceptionnelle. Ce secteur est aujourd’hui en concurrence avec d’autres destinations moins onéreuses. Je crois qu’il faut pouvoir offrir une large palette d’activités nautiques et terrestres, plus de divertissements et de spectacles, plus de shopping et de restauration, plus de sites naturels et culturels, le tout facilement accessible aux visiteurs. A cet égard, notre culture en fait partie, au même titre que la découverte de notre flore et de notre faune, ou encore d’activités plus ludiques. Nous devrons définitivement fixer des dates immuables pour les manifestations du Heiva ou des courses comme Hawaiki nui qui sont des événements exceptionnels voire uniques au monde. Si nous voulons que les touristes reviennent après un premier séjour, il faut pouvoir leur permettre de séjourner dans nos îles sans s’ennuyer en offrant une large palette d’activités! Qu’ils en aient pour leur argent !

Nous  nous sommes tournés vers le gouvernement et la diplomatie de la France à l'ONU


13/ Le Tahoera s’est il manifesté auprès du secrétaire général de l’ONU pour lui donner son avis au sujet du lobbying intensif de la demande d’Oscar Temaru. Il n’est pas trop tard si vous ne l’avez pas fait.

Nous nous sommes tournés, sans besoin d’en faire la publicité, auprès du gouvernement central car c’est bien lui qui est à la manœuvre à l’ONU, le président de la République ayant affiché son opposition aux visées d’Oscar Temaru. Dans ce genre de démarche, il faut savoir compter sur la diplomatie française, et je crois que c’est plus efficace que de gesticuler. Nous le voyons dans les faits puisque la résolution initiale de Temaru a été complètement vidée de ses revendications. Il ne reste qu’un éventuel recours au scrutin d’autodétermination qui est déjà inscrit dans la Constitution française.

14/ Poursuivrez-vous l’œuvre de Temaru avec l’implantation chinoise dans les îles polynésiennes ?

Pour le moment, dans la démarche de Temaru avec les investisseurs chinois, il n’y a rien de concret. Oscar Temaru sait se payer de belles promesses qui la plupart du temps ne sont pas suivies d’effets. Reprenez ses déclarations, il fallait que tout soit signé avant le 1er mars et alors 10.000 emplois seraient créés. Pour l’heure, il n’y a rien et rien ne se fera avant les élections. Nous aurons bien évidemment besoin, demain, d’investisseurs extérieurs. Mais de tels investissements doivent faire l’objet d’une réelle préparation, d’études économiques, d’études d’impact. Nous devons chercher toutes les garanties pour sceller un accord gagnant gagnant avec de tels partenaires. Bref, tout doit être sérieusement préparé en amont. Et je pense que les investisseurs préfèrent avoir à discuter avec des gens sérieux plutôt qu’avec des gens qui les promènent de droite à gauche mais qui n’ont aucune capacité à gérer ces dossiers.
En fin de compte n’est-ce pas un soutien de la Chine à l’ONU qui intéresse Oscar Temaru plutôt que des emplois pour ses compatriotes ? Je pose la question.

 

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